Les clubs, très peu pour moi, enfin depuis le Club Dorothée pour être vraiment exact. Pourtant, un club m’a toujours fasciné, fait rêver. Bien plus fermé que le Rotary Club, plus excitant que les Francs Maçons, plus énigmatique que la Chambre des Secrets: le Club des Croqueurs de Chocolat. Le CCC pour les intimes et les croqueurs. C’est la cerise sur le gâteau de ma pyramide de Maslow. Un goût d’exclusivité, de la gourmandise en premier palais et du réseautage en couverture. Ils sont médecins, avocats, professeurs d’université, secrétaires, publicitaires, infirmières, kinésithérapeutes, éducateurs sportifs, journalistes, retraités, ils font partie des 150 membres triés sur le volet pour leur amour et leur connaissance de la fève.
24 novembre – 19h – Royal Monceau – Premier étage : les membres du Club de croqueurs de chocolat se retrouvent pour fêter la sortie de leur Guide édition 2015 autour des 12 lauréats. En fait, il n’est pas 19h00 mais 19h12, je suis en retard. Tous les croqueurs sont assis dans ce majestueux salon, autour de tables rondes aux nappes blanches immaculées sur lesquelles sont posées pain Poilâne et bouteilles d’Evian. Chacun a 4 ou 5 chocolats dans son assiette, je m’assois rapidement, on me tend un plateau et m’explique qu’il y a un ordre de service et de dégustation. Soit. Je m’exécute rapidement. Maladroitement. Comme une enfant, j’épie comment les gens s’y prennent. Par mimétisme, je tente de reconstituer le rite de dégustation. Je coupe donc le chocolat après l’avoir observé sous toutes ses coutures. Je contemple sa tranche, je vérifie sur la fiche fournie les saveurs du chocolat avant de le dévorer.
Verre à pied d’eau, tranche de pain Poilâne (Apollonia Poilâne est membre du Club) et discours du président du Club (haut en couleurs) et des artisans invités à assister aux séances rythment les dégustations. Deuxième plat de chocolats, troisième plat, award de l’espoir, award du nouvel entrant, award de la découverte, award du coup de coeur, award de l’excellence, award du décor, award du chocolatier étranger en France pour Mori Moshida, award de la Chocolatière, de la recherche créative, awards des chocolats étrangers. Superbe « Menthe du Jardin », une ganache chocolat noir parfumée à la menthe fraîche, enrobage noir 70% par M de Noir du Liban et détonnant « Praliné Passion Matcha » de Es Koyama du Japon.
On me rappelle à l’ordre quand je me perds dans l’ordre imposé de dégustation, “on débute avec le moins fort en bouche”.
Ca chuchote et débat texture, saveurs, équilibre, force, longueur en bouche.
Fondante – fine – couverture ferme – cœur fondant – éclats croquants – ferme et croquante – éclats croustillants – note terreuse – longueur agréablement acide.
Le plaisir du Président et des membres ? Dénicher un artisan talentueux encore peu connu, le présenter aux membres du Club, lui décerner un award, tel un label “Croqueurs de Chocolat approved”.
M de Noir qui a reçu l’Award du chocolat étranger est présente ce soir pour expliquer comment cet award reçu lors du dernier salon du chocolat à Paris a considérablement joué sur ses ventes, sur sa terre natale, au Liban. Le Club si fermé des Croqueurs de Chocolat fascine et influe donc jusqu’au pays du Cèdre.
Au cours de cette assemblée bi-mensuelle, les discours se succèdent, Jacques Pessis, le président de l’Association glisse des blagues aux notes fruitées entre deux adresses de chocolatiers aux 4 coins de la France.
Finance, organisation, le Club des Croqueurs de Chocolat se réclame indépendant et n’être lié à quelconque artisan ni à aucun industriel. Dans les statuts du Club, on peut lire “il faut savoir que le Club est totalement indépendant et libre de ses choix, de ses jugements et de ses relations avec le monde de la chocolaterie.”
Le chocolat est un art, une culture, un métier d’orfèvre ou plutôt une filière de passionnés, un plaisir noble et artistique et pour attester que l’on a assimilé cela, l’entrée dans le Club est des plus exigeants. Pour devenir membre, mieux vaut prendre son mal en patience si vous n’avez pas le bras long comme la filière du cacao.
Tout candidat doit être parrainé par deux membres et justifier des aptitudes suivantes :
Être consommateur régulier de chocolat et de produits à base de chocolat
Savoir en distinguer les différentes qualités
En apprécier les diverses formes de consommation
S’appliquer à éduquer ses papilles et de simple gourmand s’élever à la condition de gourmet
Élargir le plaisir de goûter à la satisfaction intellectuelle de savoir.
Devenir ainsi, petit à petit incollable sur les origines du cacao, la production du chocolat, ses différentes sortes, les nouveautés etc…
Partager ses découvertes avec des amis gourmets, en échangeant ses bonnes adresses, ses recettes ou toute autre information.
Claude LEBEY a fondé le Club en 1981, sans prétention, autour d’un gâteau au chocolat dégusté entre amis, il pense à un club dédié aux cinglés du chocolat. 8 membres à la création, le numerus clausus de 150 membres est atteint en moins d’un an.
Chaque année, le Club des Croqueurs de Chocolat édite un guide pour présenter ses trouvailles, ses pépites, ses awards de l’année, les Césars du chocolat où le meilleur espoir devient souvent une adresse cotée les années qui suivent…
Jacques Pessis, si vous m’entendez, je suis consommatrice régulière de chocolat (trop régulière?), j’ai rempli donc assurément déjà un critère pour être admise. Je partage mes découvertes avec mes amis gourmets, c’est d’ailleurs l’objet de ce blog, et mes papilles ne demandent qu’à être matées et affûtées aux saveurs et au plaisir du chocolat.
Claireblog
décembre 31, 2014Miaaaaam, ça devait être bien chouette! Le club de rêve. :p
Adrien de Food In Paris
décembre 31, 2014Quel bel article, quel beau club! j’en ai les papilles qui frétillent…
Je suis comme toi à la fin de ton billet, je lance un appel qui vient du coeur !!
Anaïs Lerma
décembre 31, 2014Merci Adrien ! Qui sait ? Peut-être partagerons-nous la même table !