Bonjour Fatimata, qui es-tu ?
Je m’appelle Fatimata Wone, j’ai 32 ans et je suis née à Dakar au Sénégal. j’y ai passé la majorité de mon enfance et de mon adolescence jusqu’à mes 18 ans puis je suis venue à Paris pour poursuivre mes études.
Quel était ton travail avant ?
Avant je travaillais en banque d’affaires dans le domaine des financements structurés de matières premières (pétrole, produits pétroliers, métaux…). Je m’occupais de sécuriser et de financer les transactions entre deux traders de matières premières (un acheteur et un vendeur).
Comment t’y sentais-tu ?
Vraiment très bien au début, j’étais passionnée par mon travail qui était intéressant, intense (pas le temps de s’ennuyer) et permettait d’être en contact avec beaucoup de pays et d’interlocuteurs à travers le monde.
Qu’est-ce qui t’a fait changer de voie ?
Je suis passionnée de pâtisserie depuis le début de mes études supérieures quasiment. Quand j’ai quitté la maison de mes parents j’ai commencé à me faire à manger et assez rapidement la pâtisserie et la précision qu’elle demande m’a fascinée puis passionnée. Quelques années après avoir commencé mon boulot à la banque, ma passion prenait de plus en plus de place et je commençais déjà à me dire que j’aurais une deuxième vie dans la pâtisserie mais pas avant une dizaine d’années. Et puis, les choses se sont précipitées, j’ai eu l’opportunité de passer le CAP de pâtissier en Juin 2014 en candidat libre alors que j’étais encore en poste. Et après l’avoir obtenu, la question de ce que j’allais en faire s’est vite posée. N’arrivant plus à me projeter 10 ans dans le domaine dans lequel je travaillais, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure pâtissière et entrepreneuriale.
Pourquoi as-tu choisi d’entreprendre et non pas d’être pâtissière salariée ?
Entreprendre est quelque chose qui m’effrayait vraiment beaucoup au début. J’ai fait ce choix car en faisant l’exercice de définir les objectifs que je cherchais à atteindre à travers ma reconversion, l’entrepreneuriat m’est apparu comme la meilleure voie pour les atteindre. Parmi ces objectifs, il y ‘avait notamment travailler dans une entreprise avec des valeurs qui me correspondent et laisser ma créativité s’exprimer aussi librement que possible.
Ce que tu voulais le plus, c’est faire de la pâtisserie ou entreprendre ?
C’est marrant que tu me poses cette question, car tu mets le doigt sur un des gros conflits que j’ai eu pendant ma première année de cheffe d’entreprise. En fait je voulais les deux, de la même manière et ce que j’ai mal vécu et que je n’ai compris qu’après coup c’est que pendant quelques mois, l’entrepreneure a “écrasé” la pâtissière. Et mon équilibre je le trouve quand je peux faire la pâtisserie que j’aime sans contraintes de coûts, de créativité… C’est ce qui me permets derrière d’entreprendre dans de bonnes conditions et de bien vivre les contraintes liées à une entreprise de pâtisserie.
Y a-t-il eu un élément déclencheur ?
Pas vraiment, plutôt une série de petites choses : ma passion grandissante, un environnement de travail changeant…
En quels termes as-tu quitté ton poste (rupture Co, démission…)?
J’ai quitté mon poste en Novembre 2015, suite à une démission.
Combien de temps as-tu mis à lancer ton activité ?
1 an et demi alors que je pensais que ça me prendrait 9 mois. Ça prend vraiment beaucoup de temps car tout est nouveau.
Comment t’es-tu formée à la pâtisserie ?
Toute seule, avec l’aide d’un ami d’ami, pâtissier. Il y’ a plein de ressources désormais pour s’autofomer : des sites, youtube, des groupes Facebook, des ateliers et stages à destination des gens qui se reconvertissent et bien sûr les livres. J’ai eu recours à tout ça et je continue à me former ainsi
Où trouve-t-on tes gâteaux ?
W’one fournit aujourd’hui les restaurants D’jawa à Paris (tartelettes, cakes et entremets qui changent selon les saisons) ainsi que des coffee shop (The Hood, Mama’lou et The Kursaal). Les pâtisseries changent selon les saisons mais on retrouve le carrot cake sans gluten, qui est devenu ma signature, dans les cafés presque tout le temps.
Tu avais des associés ?
Je n’ai jamais eu d’associé. Au début, je ne me suis pas vraiment posé la question notamment parce que ça ne changeait rien à ma décision d’entreprendre. Le questionnement est venu au fur et à mesure que j’ai avancé dans le projet. Aujourd’hui c’est une porte que j’ouvre sans pour autant être dans une démarche active de recherche (pour le moment). Je m’associerai si je trouve la bonne personne autrement, je pense qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée.
Est-ce difficile pour toi de travailler seule ?
C’est une question de tempérament et d’organisation. Je suis assez solitaire à la base donc ça ne me dérangeait pas. Ensuite, je m’étais constituée une espèce de board avec 2 personnes dont une qui est là depuis le début et que je voyais régulièrement pour faire le point sur mes avancées et qui me permettait d’avoir un regard extérieur. Enfin, je ne restais pas isolée, j’allais en coworking et je faisais aussi du cohoming via un site qui n’existe plus. Ca me permettait de rencontrer des gens, d’être motivée et d’avoir des avis sur mon projet.
As-tu, à certains moments, regretté ton choix (reconversion)?
Jamais ! Cette reconversion m’a tellement apportée que même si ça devait s’arrêter aujourd’hui, ça en vaudrait largement le coup. Et pour moi le plus important ce n’est pas d’arriver au grand objectif que je me suis fixée en me laçant dans cette aventure mais bien tout ce qui se passe pendant. C’est pendant qu’on prend du plaisir, qu’on apprend, qu’on évolue…
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à quitter un job pour un tout autre chemin ?
De ne surtout pas laisser la peur l’empêcher de faire ce qu’il a vraiment envie de faire. La plupart de nos peurs ne se réalisent jamais et quand elles se réalisent on y survit quand même et on en ressort plus fort !
Xavier
novembre 6, 2018Merci pour cet article très instructif, ca me conforte dans l’idée de découvrir les gâteaux de Fatimata !