Patrice, 35 ans est parisien. Nous avons un ami en commun, c’est ainsi que je l’ai rencontré. Cet ami est en réalité désormais son associé. Patrice a deux enfants Balthazar et Léopold. Si, dans un article précédent, je vous ai dit que la naissance d’un enfant était souvent un accélérateur de reconversion, ce n’est pas seulement le cas pour les femmes, Patrice en est un bel exemple.
Même si je le connais très peu, je crois pouvoir dire que Patrice est plein d’idées, de projets, un entrepreneur dans l’âme, pas con et plutôt du genre ambitieux. Je le sais, parfois, la naissance d’un enfant vient un peu bousculer nos réalités, ce que nous avions bâti comme notre réalité, nos projets, notre ligne de vie, notre vision.
Patrice est un entrepreneur des internets, il est redevenu salarié peu avant la naissance de son premier enfant. Pour la naissance de Balthazar, il a donc pris un congé paternité classique de 11 jours qu’il dit avoir vécu comme “une formation accélérée à la paternité”. Pendant le congé maternité de sa femme, Patrice avait l’impression de faire sa «part du job» en rentrant à 19 heures et en s’occupant de lui toute la soirée.
Pour la naissance de son second, Léopold, Patrice était de nouveau entrepreneur, dans une phase de réflexion sur son projet. C’est ce qui l’a conduit un peu naturellement et un peu par hasard aussi à se retrouver en congé parental prolongé. Un congé parental de deux mois. Il est ainsi parti 2 mois à la campagne avec sa femme Marion, leur aîné Balthazar, 2 ans et demi, et leur nouveau-né Léopold. Après sa formation accélérée, Patrice a découvert le marathon des mois avec un nourrisson, “un doctorat en parentalité” comme il l’appelle. “Long, intense, difficile parfois, mais transformateur.” Sa femme lui a fait promettre de raconter son expérience qui pourrait servir à d’autres pères et futurs pères.
Dans cet article, Patrice retrace les 5 choses apprises sur le congé parental, en congé paternité.
- Ce n’est pas des vacances,
- C’est incompatible avec du travail opérationnel
- Cela peut être une phase de vie aliénante
- C’est une retraite enrichissante
- Un long congé paternité devrait être obligatoire
Cet article qu’il relaie sur Facebook et Linkedin rencontre, à la grande surprise de Patrice, un grand succès, et des centaines de partages. Patrice reçoit des dizaines de messages de pères qui disent regretter de ne pas avoir eu davantage de temps à consacrer entièrement à leurs enfants. Ces messages confirment le fait que les pères et mères sont demandeurs d’un congé paternité plus équitable et d’une démocratisation du congé parental.
Les messages de pères lui font aussi prendre conscience que ces derniers manquent de porte-paroles mais aussi de média. Ca lui rappelle la première grossesse de sa femme pendant laquelle, quand il recherchait des infos, il tombait uniquement sur des contenus rédigés par des femmes. Même s’ils s’avéraient souvent pertinents, il avait parfois du mal à s’identifier et à se projeter.
C’est comme ça, un peu par hasard, ou pas du tout (une amie m’a parlé des synchronicités et je crois que c’est ici le cas) que Patrice s’est lancé avec son associé Christophe dans la création d’un média pour les pères : Le Paternel. En plus du développement du Paternel, ils développent des solutions RH pour favoriser l’égalité et la diversité au sein des entreprises. Ils ont commencé à travailler avec des directions des ressources humaines qui cherchent à mieux comprendre et accompagner leurs collaborateurs jeunes parents. Ils réfléchissent avec eux à des “plans d’action parentalité” qui peuvent aller de la conférence de sensibilisation, au déploiement de différents bénéfices et services pour les parents. Le média, gratuit, est une vitrine et un laboratoire pour cette activité.
Pour lui, il y a aussi tout un contexte dont on doit se déséduquer. “Même si notre génération a bien progressé, il y a encore beaucoup d’hommes qui ont vu leur père ne rien faire dans la maison et leur mère tout gérer. Si déjà la femme faisait tout le ménage, les courses et la lessive, le bébé c’est le dernier clou dans le cercueil de l’égalité.”
J’ai beaucoup parlé avec Patrice sur la manière de ré-équilibrer la charge mentale, de l’importance de l’égalité des tâches et des corvées (appelons-les par leurs noms) pour gagner l’égalité des salaires et des traitements au sein de l’entreprise. Il y a quelque jours, avec Tristan Champion, papa français en congé paternité norvégien, Patrice a écrit une tribune pour un congé paternité de 2 mois à la suite du congé de la mère. Ils proposent ainsi de différencier le congé prénatal, le congé de naissance où la mère ne resterait pas chez elle seule et serait de facto accompagnée de l’autre parent (laisser la mère seule chez elle pendant les semaines qui suivent son accouchement augmente les risques de mortalité infantile et de dépression post-partum) et le congé parental d’accueil avec une alternance de la mère et du père. Lire cette tribune.
Quand je lui ai dit “tu es un mec ambitieux, est-ce que la fougue de l’ambition et des dents qui raient le plancher se calme d’elle-même quand on a envie de voir ses enfants ?”, il m’a répondu “J’ai toujours eu envie d’entreprendre pour changer (un peu) le monde. C’est ma bio Fb depuis 2008, je ne la change pas, elle me semble encore d’actualité.”
Parmi les derniers articles publiés sur Le Paternel :
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J’ai posé quelques questions à Patrice et je lui ai demandé de se filmer pour vous faire part de ses réponses 😉
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Marion de Bonneville
octobre 22, 2018inspirant!
Chloé VALLAIS
octobre 22, 2018Génial! Il faut que ça bouge en France!! C’est notre combat moderne en tant que femme, mère/future mère, travailleuse! Merci pour cet article super chouette!